
jeudi 11 octobre 2007

dimanche 7 octobre 2007


Bercée par le tic-tac reposé de la pendule, je dus fermer les yeux un moment, quelques secondes tout au plus. Mais un objet roula à terre brisant la douce quiétude qui s'était installée. J'eus l'impression curieuse que l'air pesait plus lourd. J'ouvris les yeux et sursautai. Vous allez certainement me dire que j'ai rêvé mais non, vraiment, je ne peux pas le croire. D'un bond, je fus sur mes jambes, faisant tomber la courtepointe à mes pieds. Je me frottai les yeux vigoureusement : devant moi, se tenaient, aussi vrai que je vous vois, trois personnes qui me semblaient tout droit sorties d'un Dickens et toutes trois me regardaient, héberluées, comme surprises de se retrouver là.
- Que faites-vous chez moi? Sortez tout de suite!
Voilà ce que j'aurais voulu leur crier. J'aurais eu du mal à maîtriser les angoisses de ma voix, j'aurais menacé d'appeler la police, j'aurais gesticulé! Mais je ne fis rien de tout cela. J'étais figée par une sorte de curiosité mêlée de crainte et mon corps et ma voix ne m'obéirent pas. J'étais condamnée à attendre la suite des événements sans rien faire et mon coeur, battant à tout rompre était prêt à exploser. Impuissante, je les observais. Ils restaient là, eux aussi comme figés dans la posture qu'ils avaient lorsque je les avais surpris, stupéfaits, sans prononcer eux non plus le moindre mot. C'était vraiment étrange...
L'homme devant moi avait un certain âge sans être vieux et il portait un costume de majordome. Un air hautain flottait sur son visage dont le menton était orné d'une petite barbe noire qui lui donnait un petit quelque chose du mousquetaire. De sa poche, je voyais émerger des friandises qui enflaient l'apprêt de sa veste. En voilà un qui devait être un grand gourmand. Il ne me sembla pas dangereux et je décidai de continuer mon examen avec la femme qui se tenait en retrait.
Elle était d'âge mûr mais était pourtant très belle, avec un je ne sais quoi de félin. Elle grelottait sous un grand châle qui ne laissait s'échapper que quelques mèches gris et feu de sa chevelure. Ce qui me frappa le plus fut son regard, un beau regard vert et gris, profond et éloquent, un regard souriant et doux. D'elle, je ne pus en savoir plus car sa mise était simple et ne disait que grâce et délicatesse.
jeudi 20 septembre 2007
lundi 17 septembre 2007

Un Esprit des bois aux longues élytres arriva en courant du fond de la forêt. Il se posta devant un énorme chêne ventru en se dandinant comme pris d’une envie pressante. Le gros chêne soupira, s’étira et un Sylphe se dégagea de son écorce rugueuse.
- Répète-moi cela plus calmement, Beäl…
- C’est le jour, Chef ! Ca a commencé ! Il faut avertir les autres !
Le Sylphe prit une respiration et se mit à murmurer des paroles que l’oreille humaine n’aurait pas pu interpréter. Mais voici ce qu’elles signifiaient à peu de choses près :
- Il est temps ! Au travail ! Le soleil s’éloigne, il nous faut parer la forêt ! Sylvides, Sylphes, Dryades, Elfes et Esprits, faites votre œuvre sans bruit et sans remous ! Que la magie opère !
Si vous aviez été un Esprit de la forêt, vous auriez senti comme une onde de choc légère sous vos pieds, comme une déformation subtile de la texture de l’air. Des changements ténus se firent et le Sylphe-Chef se mit à lancer ses ordres et à inspecter le travail de son peuple.
- Les équipes de nuit sont-elles prêtes ?
- Oui, Chef ! Elles ont pris leur poste dans les arbres et se sont mises à peindre les feuilles des arbres.
- Chef, Chef, problème, problème ! hurla un tout petit Esprit affolé aux antennes fournies.
- Je t’écoute, Mino.
- Il n’y a plus de vermillon ! On n’arrive pas à y mettre la main dessus ! Le doré, oui, le cuivré, aussi, le bronze et le pourpre aussi mais pas de trace de vermillon ! Que fait-on ? interrogea Mino en se tordant les mains.
- Et bien nous ferons sans, répondit placidement le Sylphe. Et vous me ferez venir Bëren, que je sache ce qu’il fabrique !!
- Bien Chef ! dit le petit Esprit en courant dans tous les sens.
- Et les équipes de nuit, où en sont-elles ?
- Elles sont également en place, Chef. Les Esprits des bois ont commencé à secouer les branches et les feuilles commencent à couvrir le sol !
- Bien, bien, bien… N’oubliez pas les champignons !
- Ils sont en préparation. Les Esprits les sortent de la pouponnière. Ils hurlent comme des nourrissons à qui on aurait refusé leur biberon mais tout va bien !
Et en effet, on voyait de ci de là des Esprits minuscules porter en ahanant de tout petits champignons furieux qu’ils s’échinaient à maintenir dans leurs bras avant de les replanter dans le sol humide de la forêt.
- Il me faudrait plus de pluie afin de gonfler les ruisseaux! rugit le Sylphe. Allons, Mesdames, un peu de nerf ! invectiva-t-il les Dryades.
- Mais Chef, nous ne pouvons pas faire tomber la pluie sans nuages ! s’insurgèrent-elles.
- Que les Sylphes peignent le ciel sans tarder ! tonna le Sylphe en chef.
Et les Sylphes s’exécutèrent : le ciel prit des teintes de charbon mouillé et de gris d’aquarelle, le vent se fit plus frais. Puis les Dryades entrèrent en scène : elles chantèrent la pluie et la pluie tomba, légère et calme, comme un rideau de perles étincelantes. La pluie gonfla les ruisseaux, les Dryades dansèrent, la pluie gorgea la terre de ses bienfaits et les champignons cessèrent de pleurnicher. Ils rabattirent leur chapeau sur le front et se turent.
- Bien, bien, bien, nous progressons, se félicita le Sylphe. Soudain, il s’arrêta devant un châtaignier et se renfrogna. Eh oh ! Là-haut ! Qu’est-ce que c’est que ça ? grogna-t-il en pointant du doigt une grosse citrouille orange suspendue à une branche. Et ça ? gronda-t-il en désignant une châtaigne attachée à la branche d’un noisetier. Ca ne va pas ! Ca ne va pas du tout ! Vous allez réparer tout ça sur le champ !
- Chef, Chef, ce sont les Changelins qui se sont amusés pendant que les Elfes ne les surveillaient pas…
- Envoyez-moi une équipe d’Elfes immédiatement qu’ils viennent remettre de l’ordre là-dedans !
Et alors qu’il terminait sa phrase, il surprit du coin de l’œil un Changelin en train d’attacher la queue d’un écureuil à une branche.
- Viens ici, vilain garnement !
Et avant même que le jeune Elfe polisson n’ait eu le temps de prendre ses jambes à son cou, il se retrouva suspendu par une oreille à la main d’écorce du Sylphe.
- Ca t’amuse, voyou ? Un jour comme aujourd’hui ! Va plutôt aider tes parents à réparer tes bêtises ! Gare à toi si tu ne veux pas te retrouver changé en citrouille ! menaça le Chef.
Le Changelin s’en alla en frottant son oreille pointue. Il lançait des regards noirs au Chef qui fit mine de le poursuivre ce qui eut pour résultat de le faire détaler comme un lapin. Le Sylphe en chef sourit dans sa barbe moussue en hochant la tête.
- Ah, ces jeunes ! Quelle mauvaise graine !
Il continua son inspection sans se presser, recommandant un peu plus de finesse aux fées qui cousaient des colchiques et des crocus en babillant allègrement, conseillant un peu plus de mousse dans les sous-bois.
- Vous m’avez demandé, Chef ? demanda un jeune Elfe aux yeux pâles et aux cheveux de lune.
- En effet, Bëren. Que se passe-t-il ? Où est passé le vermillon ?
- … utilisé pour les flammes de l’été, Chef… de nombreux feux de forêt cette année…
- Hum, je sais cela… C’est un vrai désastre… Est-ce que tes troupes avancent bien ?
- Oui, Chef ! Tout est bien et…
- Et les Changelins ? l’interrompit le Chef, une point de malice dans la voix.
- Les… Les Changelins ? euh… Désolé… On s’en occupe, Chef… On s’occupe de tout ! répondit Bëren, le rose aux joues.
- Très bien…
mardi 4 septembre 2007

Un - deux - trois ; un - deux - trois, une valse Madame?
Belle mie, mes respects, donnez-moi votre main...
Un - deux - trois, voltigeons, laissez voler votre âme,
Rejoignons les danseurs ou ce soir sera vain.
Un - deux - trois ; un - deux - trois, les robes tourbillonnent.
Folle ivresse! Oh mon coeur, est-ce qu'il permettra?
Un - deux - trois, cher Monsieur, mon front las s'aiguillonne!
De grâce, il faut cesser, donnez-moi votre bras...
Mais la valse, la valse! Reprenons la posture :
Bonne amie, "un - deux - trois" nous dicte la mesure!
Valsons donc, voulez-vous? Votre galant le veut!
Un - deux - trois, que le temps, un court instant, se fige ;
Valsons jusqu'au baiser car la valse l'exige.
Un - deux - trois, voulez-vous? Nous sommes son seul voeu...
mercredi 29 août 2007
Bon, en effet, Faffwah, mon jeune blog n'a jamais vu ça mais comme je ne me la pète pas Mme de Sévigné et que mon blog n'a pas non plus vocation prétentieuse de salon littéraire, à mon tour de jouer le jeu!
1/Les cinq choses que j'achète à chaque fois que je fais les courses.
- Des fruits et des légumes. C'est incontournable! Je fais mon marché avec panier ou cabas tous les mardis matins dans Montfrinbourg. Je me fais un point d'honneur à cuisiner équilibré alors, on se nourrit beaucoup des produits de saison de la région, c'est aussi bon pour la planète!
- des "fondamentaux" : farine, levure, sucre, oeuf, beurre, crème fraîche, lait. Je cuisine beaucoup, j'y passe des après-midis entiers et je fais également mon propre pain, mes propres pâtes. Forcément, les fondamentaux sont des habitués de mon chariot! En fait, rien que ça, ça fait déjà 7 articles mais bon...
- du café. Marinounet en boit beaucoup. Moi, moins, je suis plus thé.
- du fromage. De l'emmenthal, du fromage de chèvre, de la tomme des pyrénées... Moi, je l'aime plutôt cuisiné mais il y en a toujours toujours à la maison.
- boîtes, croquettes et litière... Impossible de faire sans. Je pense que Kréma, Léo et Eden me mangeraient!! lol
2/ Les cinq choses que j'achète de temps en temps.
- Des plats tout prêts. J'aime pas trop, c'est pas notre truc. Mais ça aide bien après une journée de travail trop remplie ou les jours de grosse flemme. Même les purées, on les fait maison!
- Des chips et biscuits apéritif. Forcément, vu ce qu'on mange, c'est pas pour précéder le repas équilibré de ce genre de trucs! Mais faut avouer que c'est super bon...
- Du poisson frais. C'est excellent mais c'est vite hors de prix. Je l'achète surgelé...
- Du chocolat. Il n'y en a pas toujours à la maison parce qu'il disparaît mystérieusement en quelques jours (heures!)
- Des plats chinois. Marinounet en raffole.
3/ Les cinq choses que je n'achèterai jamais.
- Des produits détergents qui ne sont pas labellisés bio/écologiques. C'est une de nos croisades.
- Des bonbons. Je n'aime pas le sucré.
- Des bananes. Je les déteste et mon estomac aussi! Exit!
- De la viande de cheval. Autant essayer de me faire manger mes chats!
- Du pain... Eh eh, le mien est bien meilleur et vu l'inflation prévue, bien moins cher!!
- Je sais, je triche, mais j'en ajoute un parce que ça me taraude : l'eau de javel! (à la limite, il y en a chez moi depuis que Belle-Maman en a acheté pour rendre blanc du linge, et j'avoue que là, c'est efficace!) Vous savez : la super invention qui tue tous les microbes que c'est tellement trop bien que maintenant, le corps s'est déshabitué aux bactéries et réagit par moultes allergies! Ben oui, c'est sa faute et la faute à tous les détergents surpuissants qui bousillent tout et nous d'abord. Je suis pas du genre à vivre dans la crasse mais sérieusement, il ya d'autres moyens d'en venir à bout. Mon blog est littéraire mais on m'a tendu la perche, je suis une écolo, une vraie et le pire, c'est que ça s'arrange pas d'année en année...
Voilà! J'envoie la balle maintenant à Richard et Simplement Moi qui vont se régaler de répondre!! (hein, pas vrai, les copains??)
vendredi 24 août 2007

Blanche et Baptiste s'aimaient. Profondément. Infiniment. Ainsi, le jour de leur mariage avait été marqué par la liesse de tous les villageois. Les deux jeunes gens étaient bons et respectueux. Leur petite maison résonnait des éclats de rire de Blanche et des chants de Baptiste. Ils étaient de bons voisins, honoraient les esprits sylvestres, les êtres de l'eau, préférant se passer d'un stère de bois ou d'un broc d'eau plutôt que de déranger dans son sommeil une sylvide ou une dryade.
jeudi 23 août 2007
Près de la cheminée, les pattes en manchon,
Rêvant et méditant, sujet de porcelaine,
Il compose le temps, son petit barbichon
Trempé dans le feu blanc de son coussin de laine.

Dans ses yeux, on peut voir des moires de diamants,
Des cratères de lune et des soies de secrets.
Il murmure sans fin son bel canto dormant,
Indifférent au monde et aux bruits indiscrets.
Si la main le caresse, son manteau de satin
Se déploie, se détend et son abord hautain
Se froisse élégamment. Puis l'étoffe feutrée

Frôle, effleure et s'échappe avant de s'élancer.
Insaisissable et doux, il semble nous tancer.
Altier, le chat chaloupe en sa livrée lustrée.
mardi 31 juillet 2007

Elle secoua la tête de droite à gauche.
mercredi 18 juillet 2007
Ami, si tu te perds, si ton âme te pèse,
Si les sombres kobolds t'éreintent de noirceur,
S'il convainquent ton coeur de leurs tristes fadaises,
Viens et nous parlerons, l'heure sera douceur.
Frère, si chaque jour te réduit à la peine,
Si les vils gobelins te noient de désespoir,
S'ils contraignent ta vie à l'effroi et aux chaînes,
Viens et nous parlerons, laissant filer le soir.
Amour, si tu as peur, si pour toi, tout s'écroule,
Si les féroces trolls te livrent à leurs lois,
S'ils ruinent tes efforts, que ton rêve s'éboule,
Viens et nous parlerons, mes baisers feront loi.
Dragons, ogres et loups, vespérales sirènes
Peuvent bien essayer de tuer l'essentiel.
Krakens et korrigans, aux ombres de phalènes,
Adversité glacée, peuvent jeter leur fiel :
Moi, je convoquerais des armées de lumière,
Et je manderais Puck et bien d'autres lutins,
Elfes et farfadets et les nymphes altières
Se battront pour l'espoir, pour l'amour, le destin.
Après chaque mirage, après chaque tempête,
Nous nuirons à la nuit par la vive lueur
De milliers de chandelles et malgré les défaites,
Phénix ne pliera pas, bien vivant et vainqueur.
mardi 10 juillet 2007
dimanche 8 juillet 2007

LE LAC
Dans son écrin de forêt, le lac est lové. Son eau paisible renvoie le reflet des arbres aux feuillages sombres et parfois, le vol paisible d'oiseaux noirs. Pas un pli, pas une ride à la surface vert argenté. D'épais nuages le couvrent d'une brume songeuse.
dimanche 1 juillet 2007

Quand il revient à lui, le monde lui apparaît différent. Comme s'il était multiple. Comme si lui-même s'était multiplié. L'air n'a plus la profondeur de sa forêt natale. La vie y est bruyante. Cela l'indiffère. Il attend, là, paisible, dans la sagesse que lui donne l'âge. Il attend que quelque chose change.
L'arbre soupire. Ainsi voici la nouvelle vie qui s'offre à lui? Soit. Ce n'est pas si mal. L'arbre se résume. Son corps est bien là, vivant, sublime. Il trône. Devant lui se tient l'homme. L'homme de sciure, l'homme de cire, l'homme de bois. L'homme sourit devant son travail accompli. Il respecte l'arbre. Il lui sourit. Il passe un dernier coup de chiffon sur une trace puis laisse glisser sa main sur le flanc de l'arbre. Il s'attarde. Sa peau est lisse, douce, ambrée. Il tressaille. Il lui semble que l'arbre a respiré... Il sourit à nouveau. Juste une impression sans doute.
mardi 26 juin 2007
Quand la pensée s'embrume et dérive à l'envi,
Quand le corps se ravise et oublie ses repères,
Quand le coeur chavire et que le temps est ravi ,
L'âme délibérée s'abandonne au mystère.
Sommeil givré aux cils, comme des gouttes d'or,
Les rêves scintillants réclament la Magie.
La frontière est ténue, un peu plus et l'on dort,
Et l'âme vascille telle mille bougies.
Aux portes du sommeil, les ombres de velours,
Les souffles de la nuit seraient murmures d'ambre...
Les fées pourraient danser au chevet des Amours,
Et les faunes jouer des musiques de chambre.
A l'orée du sommeil, monde conditionnel,
Drapé de songes gris, alors tout est possible.
Le rêveur vous attend, Peuple des Eternels,
Laissez-le se bercer au lit des Invisibles.
lundi 18 juin 2007


Choisir un lit douillet, des feuillages d'automne,
Un petit coin discret, dans un joli pot jaune.
Attendre un clair de lune et cueillir la rosée
Qui en perles nacrées s'est métamorphosée.
Les toiles d'araignée, parures éphémères,
En luisent au matin dans les primes lumières.
Planter soigneusement une graine de fée
Et recouvrir de neige, oui, ce sera parfait!
Poser le pot à fée à l'abri d'une ombrelle
Car le soleil pourrait gêner la demoiselle.
Dans son cocon fragile, elle aspire à vous plaire.
Reprenons s'il-vous-plaît, il y a fort à faire!
Une fée n'aime pas qu'on l'épie, qu'on l'observe.
Résistez à l'envie, restez sur la réserve,
Votre fée se fait belle et attend le printemps
Pour que ses ailes d'or papillonnent aux vents.
Pensez à lui tisser une robe légère
De rayons de soleil, de ruisseaux et de terre.
Le jour où vous verrez le bouton tout gonflé
d'une fleur inconnue aux mille et un reflets,
Regardez de plus près, la fée va s'éveiller.
D'abord les pétales vont vivement briller
Puis s'écarter un peu, la voilà qui paraît!
Révérence timide, vous voilà dans ses rêts!
Elle défroissera ses jupons colorés,
Puis ses ailes de feu, ses voiles de forêt.
Pensez à lui trouver un nom d'enchantement,
Quelque chose de frais qui rime avec charmant.
Si vous la cajolez, (les fées sont cabotines)
Vos rêves porteront son empreinte mutine.
vendredi 15 juin 2007
Adossée au rempart du vieux village, ses volets jaune pâle fermés sur son histoire, elle médite. Dans la ruelle étroite et fraîche, tout près de la bergerie, une porte craquante s’ouvre. Les tommettes rouges déroulent leur mosaïque. L’air est parfumé d’encaustique et de temps suspendu.
Une grande horloge, orgueilleuse, monte la garde à l’entrée de l’escalier qui mène à l’étage. Elle attend juste que l’on fasse jouer sa clé quelques tours et que l’on ranime son balancier doré. Elle sonnera chaque demie, promettra de s’arrêter la nuit mais se trompera toujours.
La vieille dame chargée d’histoire écoute les aïeux qui hantent ses recoins. C’est qu’à plus de 200 ans, on ne s’en laisse plus compter ! Elle a vu les anciens assis dans la cheminée ressasser leurs souvenirs. Elle a vu les anciens se réunir autour de la grande table de ferme et discuter au fil des veillées à la lueur oscillante d’une lampe à pétrole. Elle en a connu, des peines et des joies. On l’a même dépossédée de quelques pièces, à une époque, avant de les racheter… Elle a vu les arrières grands-parents faire sauter sur leurs genoux les tout petits, elle les a vus , ces petits, s’amuser avec des marrons et les fruits de vigne vierge. Et puis elle a vu les plus vieux venir de moins en moins… Puis l’arrière grand-mère venir toute seule… et puis ne plus venir…
Oh, elle n’est pas « moderne », ce mot à la mode ! Les portes des buffets grincent et elle est trop froide l’hiver. Mais elle est là, digne vieille dame, image d’une époque paisible et laborieuse, symbole de l’histoire et de l’unité de toute une famille…
L’escalier aux nez de marche en bois monte en L vers les hauteurs. Il était bien dangereux quand il était ciré chaque année ! Chacun garde en mémoire une glissade formidable jusqu’au mur en bas !
A droite, deux chambres en enfilade, deux chambres aux grands lits grinçants. La première pour les grands, la deuxième pour les enfants dans laquelle quelques jouets subsistent.
Au fond, la chambre bleue. La chambre de jeune fille où toutes les demoiselles se sont succédées. La chambre aux murs bleus aux motifs délicats faits au pochoir et si fragiles qu’un revers de main les efface. La chambre bleue dans laquelle on ne s’appuie donc jamais aux murs… Un piano fier et désaccordé siège contre un mur, à côté d’un gros lit moelleux, ses deux chandeliers dépouillés de bougies. Dans la grosse armoire, des costumes se mélangent, vestiges de carnavals, et le boa déplumé s’amuse avec le chapeau haut de forme. Dans l’épaisseur du rempart, derrière le rideau, une fenêtre inonde la pièce de clarté. Une petite table porte un broc à eau et une cuvette, témoins de tant de toilettes d’avant l’eau à l’étage. Un miroir au tain fané renvoie une image malicieusement piquetée.
A gauche, la chambre des arrières grands-parents au grand lit tout gonflé trône. Au fond de la pièce, une coiffeuse en marbre étale ses richesses : de vieux flacons renfermant des parfums oubliés, de petites bouteilles de vernis séché aux taches de couleurs lumineuses, une brosse à cheveux… Sanctuaire respecté naturellement, qui conserve son parfum d’interdit malgré le temps qui passe, malgré les enfants devenus grands qui le traversaient à pas de velours et le cœur battant comme si quelque armoire eut pu trahir leur intrusion, pour monter à l’escalier plus pentu, plus récent qui a remplacé l’ancienne échelle de bois. C’est que tout en haut s’étend une longue pièce remplie de souvenirs, de coffres et de livres. La magnanerie a laissé ses derniers vers à soie se transformer en papillons pour devenir une sorte de caverne aux milles trésors. De là-haut, sur l’immense balcon, on admire les Cévennes qui s’étalent au loin. On y installe même des chaises, les jours d’orages pour en faire une salle de cinéma vivante !
A l’arrière de la grosse bâtisse, la grande terrasse couverte de vigne vierge donne sur une cour à deux niveaux. Les belles de jour minaudent avec les plantes grasses.
Encore aujourd’hui, j’y vois mon arrière grand-père assis sur une chaise casser avec un petit marteau des noix et des noisettes pour son arrière petite-fille qui, généreuse, lui en laissera un fruit sur deux. J’y vois mon petit frère à genoux sur la terrasse, un Pif ouvert devant lui, tentant de monter le dernier petit gadget que mon père terminera d’assembler… et qui ne fonctionnera jamais !
J’y lis mon enfance, mes origines, le livre de ma famille… J’entends le tic-tac de la grosse horloge , agaçante en début de séjour, si évidente à la fin que les premières nuits de retour, le sommeil viendra difficilement.
La maison de famille, l’Oustalet, le « coin à l’abri du vent » en patois. L’abri de notre cœur… Et si ses volets sont clos, elle continue, imperturbable, son labeur de mémoire auprès de tous les miens…
mercredi 13 juin 2007

Mes yeux se sont perdus à chercher ton visage
Mais pourtant loin de toi, je vis dans ta maison.
Je ne peux oublier tes bras ni ton rivage
Puisqu'ils m'ont élevée au seuil de tes saisons.
J'ai couru tes chemins et ton âme sereine,
Sous ton soleil brûlant et sous tes cieux glacés.
J'ai lu tous tes secrets comme on entre en arènes,
Comme assoiffée de toi, sans jamais me lasser.
Peut-être fallait-il que le sort nous sépare
Pour que tous mes regards se muent en pur amour.
Peut-être fallait-il que l'avenir m'égare
Pour qu'enfin je te vive au delà du retour.
Je te vis fièrement, née du sang de ta terre.
Grandie d'un héritage inconnu aux lointains,
De cette humilité propre à ce peuple austère
Rendu fort et méfiant, je me vois dans ton tain.
Mon sublime foyer, tu sais bercer mon âme
Et je suis investie des parfums, des couleurs,
De tout ce que tu es, de tes multpiples flammes,
Comme un peu de ce toi qui m'emplit de chaleur.
Je te porte en bannière, en étendard d'étoile
Et le vent de ta veine éclate dans l'accent.
Je te porte en flambeau et mes mots me dévoilent,
Te révélant au monde, à jamais te fixant.
Je sais que rien ne peut m'éloigner de tes chaînes.
A mille lieux de toi, elle restent salut.
Celui qui me connaît sait bien où tu me mènes
Et saura voir en toi tout ce qu'il m'aura lu.
2001- Remiremont.

Il y a au mot Sud des paillettes d'éther,
Un peu d'éternité aux portes des villages.
Il y a au mot Sud une ombre qui se perd,
Et la latence amie du coton des nuages.
Les chemins des cigales, promesses d'infini,
S'attardent en détour, appellent la paresse,
Invitent les oiseaux au doux babil du nid,
Etablissent Nature en bucolique Abbesse.
Il y a au mot Sud les parfums entêtants,
Les pins du bord de mer, et le tamaris sage.
Il y a au mot Sud les tourbillons chantants
De tous les vents du Rhône, roi de paix et de rage.
Le soleil, maître-ami, rit de tous ses rayons,
Se joue, avec malice, de sa grande opulence,
Irradie, illumine, et tisse ses maillons,
Pour habiller le Sud de sa magnificence.
2002 - Remiremont.
mardi 12 juin 2007

C'est un jardin de pluie où les songes de plume
Prennent le relief flou des ombres de la nuit.
C'est un sentier caché, emmitouflé de brume
Qui mène aux doux secrets de la raison enfuie.
C'est une lettre émue, ivre de confidences ,
Confiée à l'écrin sûr d'un livre cent fois lu.
C'est une bulle d'or, sans regret, sans offense,
Dans un ailleurs étroit où le trouble s'est tu.
Sur le sentier caché, trouveras-tu peut-être
La sente qui descend à tout ce que je tais.
Peut-être y verras-tu ce qu'on ne peut connaître,
Ce que l'âme ressent, une once de beauté.
Les nuages seront des animaux étranges,
les fleurs renfermeront des fées et des lutins,
Les ondes chanteront la mélopée des anges
Et tout revêtira un petit air mutin.
Je ne te promets pas de réelles merveilles,
Juste un monde pluriel pour déguiser le coeur,
Pour rire des chagrins, pour oublier les veilles,
Un peu de féerie pour chasser les noirceurs.