lundi 18 juin 2007


LA PLACE DES RÊVES





Il fait des ricochets sur les les chemins de pierres. Il passe des heures à compter les gouttes de pluie qui glissent sur la vitre. Il a un cirque bien à lui où il présente un numéro très risqué de dressage d'escargots. Il dit que quand il est né, il parlait la langue des anges. Il joue à la marelle sur les trottoirs pavés. Quand il se promène dans la garrigue, il s'assied au pied d'un arbre et attend les cigales. Il dit qu'il a trouvé la clairière aux fées. Une plume de pigeon à la main, il écrit des pages et des pages dans des cahiers invisibles et ses histoires finissent toujours bien. Quand la nuit tombe, il pense que la Terre a fermé ses paupières. A la mer, il compte les vagues. Il a fabriqué une boîte magique pour attraper les rayons du soleil et il essaie d'en inventer une qui puisse emprisonner les couleurs de l'arc-en-ciel. Il rêve de les enfermer dans des crayons de couleur pour pouvoir, à loisir, dessiner et colorier les beautés du monde.

Si c'était un adulte, on crierait sans doute à la folie. "Ah, non, ma petite dame, il n'y a pas de place aux rêves dans la vraie vie! La vie, c'est du sérieux! Pas de place pour les originalités! Ah ça, non alors, ça n'est pas permis! "

En attendant, du bout des doigts, du bout des cils, assis par terre dans le chemin poudreux, il a décidé de compter les étoiles. Et immanquablement, il va se tromper quand il arrivera à 20! Il n'a que 5 ans alors, il a le droit. Le droit de rêver, le droit d'imaginer, le droit d'être un peu fou... ("Il n'est pas fou, ma petite dame, il est inventif! C'est une qualité!") Quand il sera grand - et il a bien le temps - alors, il oubliera sa boîte à attraper le soleil et les arcs-en-ciel. Il oubliera les fées. Il oubliera de regarder le bruissement des feuilles bousculées par le vent. Il oubliera de croire. Et il oubliera même qu'il a oublié...

Pour l'heure, il jure que non, que jamais il ne pourra oublier de rêver. Alors quoi? Alors peut-être bien... On pourra peut-être en faire un artiste...

3 commentaires:

Unknown a dit…

Belle définition de qui nous sommes, toi, moi, les fous comme nous ! Nous, les gardiens de l'enfance, vaste monde méconnu et pourtant si riche.
Un adulte est quelqu'un qui voit sans regarder, entend sans écouter...
Enfin bon, j'arrête là, parce que je pourrais en parler pendant des heures...
Bisous...

Unknown a dit…

Magnifique texte !
Plus je te lis, plus je me mets à rêver de nouveau comme une enfant...
Tu as ce don d'écrire, de décrir sans pour autant forcer à voir ce que tu vis toi, tu laisses place à notre émotivité, à notre imagination.
Tu fais des descriptions subjectives et ça me plait beaucoup...
A bientôt ...

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.