
jeudi 11 octobre 2007

dimanche 7 octobre 2007


Bercée par le tic-tac reposé de la pendule, je dus fermer les yeux un moment, quelques secondes tout au plus. Mais un objet roula à terre brisant la douce quiétude qui s'était installée. J'eus l'impression curieuse que l'air pesait plus lourd. J'ouvris les yeux et sursautai. Vous allez certainement me dire que j'ai rêvé mais non, vraiment, je ne peux pas le croire. D'un bond, je fus sur mes jambes, faisant tomber la courtepointe à mes pieds. Je me frottai les yeux vigoureusement : devant moi, se tenaient, aussi vrai que je vous vois, trois personnes qui me semblaient tout droit sorties d'un Dickens et toutes trois me regardaient, héberluées, comme surprises de se retrouver là.
- Que faites-vous chez moi? Sortez tout de suite!
Voilà ce que j'aurais voulu leur crier. J'aurais eu du mal à maîtriser les angoisses de ma voix, j'aurais menacé d'appeler la police, j'aurais gesticulé! Mais je ne fis rien de tout cela. J'étais figée par une sorte de curiosité mêlée de crainte et mon corps et ma voix ne m'obéirent pas. J'étais condamnée à attendre la suite des événements sans rien faire et mon coeur, battant à tout rompre était prêt à exploser. Impuissante, je les observais. Ils restaient là, eux aussi comme figés dans la posture qu'ils avaient lorsque je les avais surpris, stupéfaits, sans prononcer eux non plus le moindre mot. C'était vraiment étrange...
L'homme devant moi avait un certain âge sans être vieux et il portait un costume de majordome. Un air hautain flottait sur son visage dont le menton était orné d'une petite barbe noire qui lui donnait un petit quelque chose du mousquetaire. De sa poche, je voyais émerger des friandises qui enflaient l'apprêt de sa veste. En voilà un qui devait être un grand gourmand. Il ne me sembla pas dangereux et je décidai de continuer mon examen avec la femme qui se tenait en retrait.
Elle était d'âge mûr mais était pourtant très belle, avec un je ne sais quoi de félin. Elle grelottait sous un grand châle qui ne laissait s'échapper que quelques mèches gris et feu de sa chevelure. Ce qui me frappa le plus fut son regard, un beau regard vert et gris, profond et éloquent, un regard souriant et doux. D'elle, je ne pus en savoir plus car sa mise était simple et ne disait que grâce et délicatesse.